Comme le dit si bien La Marseillaise « le jour de gloire est arrivé ». Deux jours avant la fête nationale, l’équipe de France pouvait avancer la fête de 48h. Pour cela, battre le Brésil en finale de Coupe du Monde était obligatoire. Dans un Stade de France plein à craquer et tout de bleu vêtu, les Tricolores avaient fort à faire face à des Brésiliens quadruples champions du monde. Finalement, le spectacle a donné rendez-vous à l’histoire pour voir gagner les Bleus sur un score sans appel de 3-0. Zinédine Zidane par deux fois et Emmanuel Petit permettent à l’équipe de France de rentrer au firmament du football mondial.
D’un côté la France, pays organisateur au parcours d’abord facile puis plus chaotique dès les huitièmes de finale, de l’autre le Brésil, favori qui a peiné à plusieurs reprises avant de se retrouver logiquement en finale. Le duel s’annonçait équilibré, la ferveur du public faisant toutefois pencher l’aiguille de la victoire côté français. Les compositions, elles, étaient sans surprises. Aimé Jacquet devait faire sans Laurent Blanc, expulsé face à la Croatie et remplacé poste pour poste par Franck Leboeuf. Le reste de l’équipe était le même que contre les Croates. Autant dire l’équipe-type avec Barthez dans les buts, Thuram et Lizarazu respectivement latéral droit et gauche accompagnés de Desailly et Leboeuf dans l’axe. Devant eux, un milieu défensif à trois composé de Deschamps, Petit et Karembeu. Les deux derniers étant légèrement excentrés. Offensivement, la France pouvait compter sur ses maîtres à jouer Zidane et Djorkaeff ainsi que sur le mystère de cette Coupe du Monde Stéphane Guivarc’h. De son côté, Zagallo récupérait Cafu. Le Romain côtoie ainsi Taffarel, Baiano, Aldair, Roberto Carlos, César Sampaio, Dunga, Leonardo, Rivaldo, Bebeto et Ronaldo.
Sous les yeux de millions de téléspectateurs, de 80 000 spectateurs dont Jacques Chirac, Michel Platini et Joao Havelange, le coup d’envoi pouvait être donné. Après les hymnes nationaux chantés à pleins poumons.
Et dès le début de la rencontre, on allait en avoir pour notre argent. Emmené par un Deschamps omniprésent, les Français exerçaient un pressing incessant, à tel point que les Brésiliens étaient rapidement étouffés. La première occasion, elle, n’allait pas tarder à faire son apparition. C’est Stéphane Guivarc’h qui en eut l’honneur à la 4ème minute mais le Breton, en bout de course, ne trompait pas Taffarel avec sa frappe trop molle. Les efforts français ne faisaient alors que commencer et trois minutes plus tard Youri Djorkaeff aurait lui aussi pu ouvrir le score s’il n’avait pas pris le ballon de l’épaule. Le jeu était alors bien léché, les attaques parfaitement construites. Les deux équipes se livraient même à des successions de passes que l’on aime voir en finale d’une grande compétition.
Après une domination tricolore, ce fut au tour des Brésiliens de garder la balle et de se procurer des occasions. Cependant ni Roberto Carlos, ni Ronaldo, ni César Sampaio ne trompèrent un Fabien Barthez des grands soirs. Le Brésil a laissé passer sa chance. Ce que ne fera pas l’équipe de France. Car à la 27ème minute, Zinédine Zidane mettait son premier coup de casque imparable. La genèse du but ? Un corner concédé par Roberto Carlos et magnifiquement bien tiré par Emmanuel Petit côté droit. Défait du marquage de Leonardo, Zizou pouvait ouvrir le score d’une tête décroisée. Un frisson parcourt le stade et c’est l’explosion. La France est en position de gagner en Coupe du Monde. Dans SA Coupe du Monde. Mais le plus dur restait à faire, ne pas reculer, ne pas subir. Trois minutes après le but, on assistait à l’image de cette compétition, le téléscopage entre Fabien Barthez et Ronaldo, le premier sortant à l’encontre du second et lui passant au dessus. Une petite occasion brésilienne donc avant une frappe trop molle de Bebeto à la 39ème minute. C’était à peu près tout pour ce qui est du Brésil. L’équipe de France, de son côté, était encore la plus dangereuse. Youri Djorkaeff suite à une série de dribbles et d’accélérations et Emmanuel Petit après un contrôle poitrine et une volée n’inquiétaient pas Taffarel. La tête dans le guidon, le Brésil attendait alors impatiemment la fin de la première période.
C’était sans compter sur l’entêtement français. Et la 45ème minute allait être synonyme de consécration. Après une succession de corner, un coup de pied de coin tiré de la gauche par Djorkaeff finit par être décisif. Si le passeur a changé, le buteur, lui, porte toujours le même nom. Zinédine Zidane. Définitivement le héros de la soirée. Cette fois-ci, son coup de tête rageur viendra périr dans les filets après être passé entre les jambes de Roberto Carlos. L’équipe de France était sur la voie royale. La Coupe leur tendait les bras.
Said Belqola, l’arbitre marocain, sifflait la deuxième mi-temps à 22 heures pétantes. Juste après avoir noté le changement de Zagallo. Un changement offensif puisque le feu-follet Denilson remplaçait Leonardo. Cela semblait porter ses fruits. Effectivement, le Brésil entrait mieux dans cette seconde période. Une chose qui ne plaisait pas à Marcel Desailly qui n’aura attendu que deux minutes avant de prendre un carton jaune pour contestation. Plus con, tu meurs. Mais on lui pardonne d’autant plus qu’il a su tenir sa défense face aux assauts répétés de Ronaldo et de Bebeto bien suppléé par son gardien Fabien Barthez qui empêchait le premier nommé de marquer en stoppant une belle frappe sans angle. Les Bleus étaient alors dans le dur et les encouragements répétés ne changeaient rien. Car en face, les Brésiliens monopolisaient le ballon, un ballon que les Français n’arrivaient pas à garder lorsqu’il était en leur possession. Fort heureusement, les coéquipiers de Dunga ne parvenaient pas à véritablement être dangereux offensivement. C’est même Guivarc’h qui se procura une action dangereuse mais sa reprise atterrit au dessus, alors qu’il était seul face à Taffarel… Le Brésil restait ainsi à porter de main. Le suspense était encore entier.
Et celui-ci se renforça après l’expulsion de Marcel Desailly pour un tacle non-maîtrisé sur Cafu dans le camp brésilien. Le défenseur laissait ses partenaires à 10 contre 11 et continuait la malédiction des défenseurs centraux français. Après Laurent Blanc en demie-finale, Marcel Desailly en finale. Comme contre la Croatie, cette expulsion n’allait rien changeait à la physionomie du match. Solidaires, bien regroupés et survoltés par l’environnement et l’événement, les joueurs de l’équipe de France ne lâchaient rien. D’autant plus que les Auriverde laissaient désormais un peu plus couler entraînant ainsi un long temps mort d’environ quinze minutes entre la 69 et la 82ème minute. La 82ème minute aurait pu être celle du 3-0, celle de la victoire assurée mais la maladresse de Christophe Dugarry, remplaçant de Guivarc’h, en décidait autrement. De l’autre côté, la maladresse était aussi au rendez-vous, ou plutôt la malchance. Comme quand Denilson vit sa frappe croisée sans angle être détournée par la transversale d’un Barthez complètement battu. Il restait alors deux minutes de temps additionnel et tout un pays retenait son souffle. C’est le moment choisi par Rivaldo pour tirer de loin. Le moment choisi par Barthez de la détourner en corner. Le moment choisi par Denilson pour louper son coup de pied de coin. Le moment choisi par Dugarry et Vieira pour remonter parfaitement le ballon. Et enfin le moment choisi par Emmanuel Petit pour clore la marque d’une frappe croisée pleine de sang-froid. 60 millions de Français pouvaient exulter, pleurer, se prendre dans les bras et chanter ET 1 ET 2 ET 3 ZEROS ! Après avoir vécu ça, on peut mourir tranquille, comme l’a si bien dit le penseur Thierry Roland. La France Black-blanc-beur a triomphé de la machine de guerre que représentait le Brésil. Wallah c’est trop kiffant reunoi !
FRANCE
Barthez 7/10 : la spectacularité au profit de l’efficacité. S’il n’a pas eu énormément d’arrêts à réaliser, Barthez a effrayé les Brésiliens en sortant très loin de sa ligne de but et en faisant parler ses réflexes.
Lizarazu 6/10 : de son côté, le danger venait de Cafu. Après match, le bilan est favorable au Français qui ne s’est pas trop fait déborder par le Brésilien. Quelques extérieurs du pied imprécis mais sa combativité fait pencher la balance en sa faveur.
Desailly 8.5/10 : c’est le pilier du pont de l’Alma : ceux qui viennent le percuter périssent. Solide, il a coupé court à toutes les tentatives d’attaques auriverde. Malheureusement une contestation et un tacle maladroit en position d’attaquant viennent ternir sa magnifique prestation. Fort heureusement, ce carton rouge ne le pénalisera pas et l’histoire retiendra que Marcel Desailly fut le meilleur défenseur de cette coupe du monde.
Leboeuf 6/10 : le complément parfait de Desailly. Des tacles qui font du bien et un travail consistant à ramasser les miettes laissées par son coéquipier. Par ailleurs, il a bien tenu la baraque quand la France jouait à 10 contre 11.
Thuram 6.5/10 : jamais dépassé, le héros de la demie-finale a mis du cœur à l’ouvrage. Sans buts cette fois-ci mais avec une assise défensive extraordinaire.
Deschamps 7.5/10 : un début de rencontre extraordinaire où il a plus ratissé que le jardinier du Château de Versailles. DD a régné au milieu de terrain, si quelqu’un veut monter sur le trône des récupérateurs, il devra s’asseoir sur ses genoux. Plus discret mais tout aussi efficace en deuxième période, sans doute son carton jaune qui l’a calmé.
Karembeu 4/10 : les Calédoniens sont, de nature, plus faibles que les Français pures couches alors en finale de Coupe du Monde c’est encore pire. Sans doute traumatisé par la pression qu’il n’avait plus connu depuis sa tournée dans les cirques d’Europe en tant que cannibale au début du siècle, Karembeu a fait trop de mauvais choix et de mauvaises passes. Le joueur le plus faible de cette équipe de France. Logiquement remplacé à la 57ème minute par Alain Boghossian, qui comme tout bon Arménien, se voit en haut de l’affiche.
Petit 7/10 : il a trimballé sa crinière au milieu de terrain mais aussi et surtout devant. Auteur de la première passe décisive pour Zidane, il conclut la marque et permet ainsi à toute la France de chanter en choeur « Et 1 et 2 et 3 zéros ».
Zidane 10/10 : l’homme du match. L’homme que toute la France va désormais aduler. L’homme qui verra les maillots à son nom se multiplier indéfiniment. L’homme qui a marqué deux buts de la tête en finale de Coupe de France. L’homme qui a torturé les Brésiliens par ses prises de balles et ses dribbles. L’homme de cette Coupe du Monde.
Djorkaeff 7.5/10 : quelle classe ! Quelle vista ! Bien pris au marquage et serré dans l’étau du milieu brésilien, Djorkaeff s’en est sorti la plupart du temps. Les éliminations et les passes dans un petit périmètre ont constitué son pêché mignon. Et nous, bien sûr, on fond. Passeur décisif pour Zidane, le fils de Jean vient encore un peu plus inscrire le nom des Djorkaeff dans l’histoire du foot français. Remplacé à la 76ème minute par Patrick Vieira qui pourra dire qu’il était sur le terrain ce 12 juillet. Surtout qu’il a délivré l’ultime passe décisive à Petit.
Guivarc’h 10/10 : sans doute la seule fois dans sa carrière qu’il aura un 10/10, d’autant plus qu’il ne le mérite pas mais putain on s’en fout on est champion du monde ! On ne retiendra donc pas ses trois occasions en or lamentablement foirées ni l’obtention du corner qui amène le deuxième but de Zidane. Remplacé par Christophe Dugarry à la 66ème minute qui a joué en dilettante, comme s’il s’en branlait. En témoigne son occasion toute faite totalement loupée.
BRESIL
Taffarel 5/10 : la note est sévère sachant qu’il n’a eu aucun arrêt à faire mais au final il se prend trois buts. Le dure loi d’être gardien de but.
Roberto Carlos 5.5/10 : toujours très offensif, Roberto Carlos n’a pas été couronné de succès. Ses centres ou ses coups-francs n’ont pas trouvé preneurs alors que défensivement il n’a pas été dans son meilleur jour.
Aldair et Baiano 5/10 : on les a senti patauds bien qu’ils aient fait le nécessaire face à Guivarc’h. Pour faire simple, on va dire qu’ils se sont mis au niveau de l’attaquant français.
Cafu 6/10 : de la vitesse, des courses et un gros moteur. Cafu n’est pas un Dragster mais presque. De retour après son absence en demie-finale, le latéral de l’AS Rome a apporté un peu de fraîcheur et de disponibilité à son équipe. Le camp français fut son terrain de prédilection. En vain.
Dunga 5.5/10 : du boulot à la récupération surtout face à Zidane et Djorkaeff. Et il s’en est plutôt bien sorti.
Sampaio 5/10 : une finale passée dans l’ombre. Remplacé par Edmundo à la 74ème minute qui a juste eu le temps de pousser une gueulante.
Leonardo 4/10 : démissionne de son poste après une première période calamiteuse qui l’a vu ne pas être au marquage sur Zidane sur le premier but et ne pas être actif offensivement. Remplacé à la 46ème minute par Denilson 6/10 qui a tout de suite apporté sa folie avec ses dribbles. Avec deux occasions, il fut le Brésilien le plus dangereux de la seconde période.
Rivaldo 6.5/10 : on le connaissait dans le registre des dribbles personnels mais en ce 12 juillet, il a privilégié les transversales et les changements d’ailes. Ce qui n’a pas empêché le Brésilien de faire tourner la tête aux défenseurs tricolores.
Bebeto 4/10 : comme en demie-finale, Bebeto n’a rien branlé. Enfin il n’a rien réussi plutôt.
Ronaldo 4/10 : un fantôme. Le mystère est complet après ce match terne du meilleur joueur de ce Mondial. Pas sur la feuille de match à une heure du coup d’envoi, Ronaldo est réintégré à l’équipe trente minutes plus tard. La faute à une hospitalisation d’urgence la veille suite à une dystonie neurovégétative. Finalement, sa présence n’aura pas changé grand chose tant il n’aura pas pesé sur Desailly et compagnie. Un match à oublier pour ce joueur qui aura marqué quatre buts et fini meilleur passeur du tournoi.
Maintenant, rendez-vous dans deux ans pour l’Euro en Belgique et aux Pays-Bas.
Merci de nous avoir suivi.